Le Web3 débarque dans les écoles de commerce


Dans le 10e arrondissement, derrière les murs de l’ancien Manoir de Paris, les mosaïques Art déco détonnent au sein des amphithéâtres flambant neufs. L’Albert School a ouvert depuis moins de trois mois, et les locaux sentent encore la peinture fraîche. « Dans un monde transformé par la technologie, il faut des gens qui comprennent à la fois le monde de l’entreprise et ses enjeux techniques. La genèse du projet, c’est de casser la frontière entre le commerce et la data », résume Grégoire Genest, 28 ans, fondateur de l’école, au détour des grands escaliers en travaux.

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Ancien élève du prestigieux lycée Louis-le-Grand, diplômé de l’Ecole polytechnique, puis tradeur à New York, Grégoire Genest figure parmi les lauréats de l’édition 2019 des « 30 Under 30 » du magazine Forbes. En 2021, avec deux camarades, Mathieu Schimpl et Matthieu Heurtel, ils créent l’Albert School, dont les frais de scolarité oscillent entre 12 000 euros par an en bachelor et 14 000 euros en master.

L’Albert School, dans laquelle a investi l’homme d’affaires Xavier Niel, patron de Free et créateur de l’école 42 (actionnaire à titre individuel du Monde), est une de ces récentes écoles de commerce qui font le pari d’enseigner le Web3 à une nouvelle génération. Cet Internet du futur comprend le métavers – le monde virtuel dans lequel investit massivement Meta (anciennement Facebook) –, les cryptomonnaies et la technologie blockchain, qui permet de stocker et partager des informations sans intermédiaire, de manière sécurisée.

Polytechnique et HEC

Si le commun des mortels ne possède pas de portefeuille dématérialisé pour investir dans des œuvres virtuelles (les NFT) ou ne passe pas son temps libre dans le métavers, les entreprises ont, elles, déjà commencé leur transition vers le Web3. Carrefour, Adidas, LVMH… Autant de grands noms qui croient à la possibilité du modèle économique de cet univers virtuel. Très logiquement, les écoles de commerce s’adaptent : HEC a lancé son hackathon Web3, l’Essec organise des conférences sur le sujet, et de plus en plus d’écoles proposent des master class ou des cours spécialisés sur la finance décentralisée. Même Polytechnique y a vu un intérêt : le campus de Palaiseau (Essonne) propose depuis novembre un diplôme consacré à la technologie de la blockchain. Pour ces écoles chargées de former les élites économiques de demain, le Web3 est naturellement un secteur à explorer.

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Laury Jacot est l’un de ceux qui ont fait entrer ces sujets à HEC : l’ingénieur de formation a créé le premier hackathon (sorte de compétition d’innovation) dévolu au Web3 au sein de la grande école de commerce, ainsi qu’un club étudiant, le MBA Blockchain Club. L’événement a plu à HEC, qui lui a demandé de développer ses activités. « Nous avons senti que l’intérêt montait fortement : nous avons organisé des conférences, une dizaine de “talks”, quelques hackathons. L’école a beaucoup poussé pour que ça puisse continuer », précise celui qui s’intéresse à ces technologies depuis 2020. Le club n’a pas seulement pour vocation de sensibiliser les jeunes au Web3, mais de « se mettre en lien avec des entreprises », ajoute-t-il. Parmi ses partenaires, le club de HEC compte les suisses de Crypto Valley, ou encore la Paris Blockchain Week, événement d’envergure soutenu par le ministère de l’économie et des finances.

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